samedi 8 décembre 2012

Les déchets dans l’espace, comment sont-ils gérés ? Quels sont les risques ?

Les déchets dans l'espace, comment sont-ils gérés ? Quels sont les risques ?
L’autodestruction du cargo ravitailleur européen ATV Johannes Kepler le mois dernier, a suscité des interrogations chez certains d’entre nous. Que deviennent les déchets de l’espace ? Représentent-ils des risques ? L’association Robin des Bois a tenté de répondre à ces questions dans un rapport publié en juin.
Ce rapport très détaillé qui est resté assez discret, est finalement un des rares documents traitant spécifiquement des déchets dans l’espace. L’étendue peu connu de ces débris représenterait tout de même des risques importants et sous-estimés. La problématique est que la pollution de l’espace qui n’est pas des moindres, est encore plus irrécupérable que la pollution des océans.
Dans son rapport l’association explique que la durée de vie d’une voiture n’est pas beaucoup plus longue que celle d’un satellite. La production de véhicules spatiaux hors d’usage est nettemment plus grande que l’on pourrait penser. Il y aurait actuellement pas moins de 2500 satellites hors d’usage dans l’espace. Personne n’a vraiment vu venir ces problématiques et chaque États « gère » à sa manière ses encombrants débris. Dans l’espace, la gestion des satellites hors d’usage est synonyme de « chacun pour soi ».

Ces déchets qui polluent l’espace

Le constat de l’association est simple. En plusieurs milliards d’années, le système solaire a injecté moins de météorites sur les orbites de la Terre, qu’en 50 ans la conquète de l’espace n’y a injecté de déchets. Si bien qu’aujourd’hui, aucune mission spatiale n’est à l’abris d’une collision avec l’un de ces débris. D’ailleurs, le mois dernier la Station spatiale internationale a évité de justesse une collision avec un débris orbital, qui a donné quelques frayeurs aux astronautes. Ces déchets représentent aussi des risques lorsqu’ils reviennent sur Terre.
Parmi les différents déchets spatiaux, on retrouve les étages supérieurs des lanceurs. C’est la partie d’un satellite qui après son placement en orbite, se détache et se « promène » dans l’espace. Fin novembre 2010, l’US Space Surveillance Network surveillait 1899 étages supérieurs de lanceurs en orbites autour de la Terre.
Dans l’espace on retrouve aussi des résidus de combustion, comme des nuages d’alumine. C’est la combustion des moteurs des lanceurs qui créent ces nuages de particules d’alumine. La NASA estime qu’il y aurait plusieurs milliards de ces particules dans l’espace. Au milieu des déchets spatiaux on retrouve aussi des déchets d’exploitation. Ce sont les déchets liés à l’activité spatiale comme des équipements satellitaires. Par exemple, entre 1986 et 2001 la station russe Mir aurait rejeté par son sas arrière, des centaines de « sacs poubelles » dans l’espace contenants des emballages alimentaires ou encore des vêtements usagés.

Chaque État gère la question des déchets de l’espace à sa façon

Les seuls pays disposant de capacité de détection et de suivi de ces déchets spatiaux sont la Russie, les États-Unis et la France en coopération avec l’Allemagne. Pour des raisons de secret défense, ils ne rendent pas tous leurs données publiques. Seuls les États-Unis publie partiellement ses données via le canal Spacetrack. Fin 2010, Spacetrack surveillait 2523 satellites hors d’usage, 10702 déchets et 1901 étages supérieurs de lanceurs, soit un total de 15126 débris en orbite autour de la Terre. Parmi les plus gros pollueur de l’espace, on a dans l’ordre : la Russie, les États-Unis, la Chine, la France, le Japon et l’Inde.
Comme mentionné dans le rapport, il y a des initiatives comme celle de l’Agence Spatiale Européenne qui travaille sur un projet à moyen terme pour la récupération des déchets spatiaux, un cargo spatial capable de les capturer. Mais au final la gestion est anarchique et dépend des États, chacun dispose de ses propres règles.
Le droit international au sujet des activités spatiale est encore à l’état embryonnaire, et la question des déchets n’y pas précisé. L’association Robin des Bois plaide pour un droit de l’espace coopératif, évolutif et surtout contraignant, et pour une convention internationale sur la prévention et la gestion des déchets de l’espace.

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