jeudi 6 décembre 2012

LA SURPÊCHE ILLÉGALE AUTORISÉE À CONTINUER SUR LA MOITIÉ DES ESPÈCES DE GRANDS FONDS POUR ENCORE DEUX ANS


Les ministres de la Pêche de l’UE, réunis le 29 novembre à Bruxelles, ont adopté les possibilités de pêche (totaux admissibles de captures ou TAC) pour certains stocks de poissons de grands fonds pour 2013 et 2014 (les possibilités de pêche pour les espèces de grands fonds sont établies sur 2 ans).
Le WWF regrette que pour la moitié des espèces concernées, le Conseil n’ait pas suivi la proposition de la Commission européenne qui visait à prendre en compte les avis scientifiques et atteindre le rendement maximal durable (RMD) d’ici 2015.
La hausse des quotas et des TACs adoptée par le Conseil pour les stocks comme le grenadier de roche, la dorade rose, et le béryx, est inquiétante car, à deux exceptions près, les données scientifiques existantes sont insuffisantes pour permettre aux scientifiques d'évaluer l'état réel des stocks de poissons de grands fonds.
De plus l’augmentation des possibilités de captures sur des espèces vivant dans des écosystèmes extrêmement vulnérable à l’activité de pêche pourrait avoir un impact considérable sur l’état des habitats et autres espèces vivants dans ces milieux. Le WWF s’inquiète que ces impacts ne soient pas pris en compte.
Cette décision créé de la confusion car l’Union Européenne qui avait pourtant défendu avec fermeté et succès des mesures ambitieuses pour une gestion durable de la pêche profonde lors de la récente réunion annuelle de la Commission des pêches de l'Atlantiquenord - est ( CPANE – de l’acronyme anglais NEAFC ). L’augmentation de ces possibilités de pêche est une surprise.
Néanmoins le WWF félicite le Conseil pour sa décision de maintenir l'interdiction de la pêche au requin de grands fonds.
Citation de Sarunas Zableckis, European Marine & Fisheries Policy Officer, WWF European Policy Office
« Certains stocks de grands fonds comme l’empereur (hoplostète orange), sont presque en situation d’extinction en raison de leur mauvaise gestion. Nous regrettons que le Conseil ne tire pas les leçons des erreurs du passé et accepte d'être en désaccord avec les avis scientifiques et recommandations de la Commission en fixant des quotas trop élevés pour les poissons des grands fonds. »
Citation d’Elise Petre, chargée de Programme Pêche Durable au WWF France :
« L’Union Européenne, mais surtout la France, ne peut cesser d’ignorer les impacts collatéraux de la pêche de grands fonds. Augmenter de la sorte des quotas pour certaines espèces peut avoir des conséquences désastreuses sur ces écosystèmes. Il est temps de prendre conscience de l’ensemble des écosystèmes de grands fonds dans la gestion de cette pêche .»

Notes
Plus de 60% de notre planète est recouverte par des eaux de plus de 1 600m de profondeur. Ces eaux abritent des espèces à cycle de vie très long, à croissance lente et qui atteignent très tardivement leur âge de maturité sexuelle (qui correspond à plus de 30 ans pour certaines espèces). La pêche de grand fond se pratique sur des espèces vivant à 200m ou plus de profondeur. La lenteur de ces écosystèmes les rend particulièrement vulnérables à l’activité de pêche, tant pour les espèces ciblées, que pour les captures dites « accessoires », ou encore les habitats abritant ces espèces. On estime que pour les quelques espèces ciblées, plus de 100 espèces sont capturées en « captures-accessoire », notamment des requins de grands fonds.
En outre, la récente étude « Sustainability of deep-sea fish species under the European Union Common Fisheries Policy », publiée dans le journal Ocean & Coastal Management, révèle que « dans 60 % des cas, les quotas de pêche fixés pour les espèces de poissons profonds ne respectent pas les avis scientifiques » et que « dans 50 % des cas les captures dépassent les quotas fixés par les Etats membres avec en moyenne des captures 3,5 fois supérieures aux quotas fixés, mais pouvant aller jusque 10 à 28 fois ces quotas ».
Source:WWF - © Naturepl.com_Frederic Larrey-WWF

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