samedi 1 décembre 2012

L'Allemagne épinglée par les écologistes pour ses voitures trop polluantes


Alors que de plus en plus de pays aident les voitures "propres", l'Allemagne fait la part belle aux grosses cylindrées qui ont fait sa renommée mondiale mais polluent davantage, dénoncent des organisations écologistes.

Les véhicules fortement motorisés (grosses berlines, voitures de sport et 4X4) sont un des plus beaux succès industriels de l'Allemagne. Cette réussite symbolisée par les marques haut de gamme Audi, BMW, Mercedes ou Porsche s'appuie sur une forte demande domestique, dopée par la quasi-absence de fiscalité écologique sur les automobiles.
Près de deux voitures sur trois vendues en Allemagne sont immatriculées par des sociétés. Mais cette part dépasse 80% pour les modèles les plus huppés.
Or, les entreprises peuvent déduire fiscalement 100% du prix d'acquisition et du coût en carburant de leurs flottes, sans limites liées aux émissions de CO2 comme elles existent dans d'autres pays européens tels que l'Irlande ou la France. Plus l'automobile est chère, plus l'avantage fiscal est donc important.
"L'Allemagne conduit la politique de subvention des véhicules polluants la plus absurde au monde", dénonce Patrick Huth, responsable de l'association écologiste Deutsche Umwelthilfe (DUH), qui réclame une prise en compte des émissions de gaz à effet de serre.
Dans un pays où la voiture est un symbole de statut social, les entreprises sont incitées à fournir à leurs cadres des véhicules prestigieux, comme partie de leur rémunération.
"Les entreprises commandent des voitures lourdes avec une consommation de carburant élevée, car l'image est pour elles plus importante que la lutte contre le changement climatique. Cette règle fiscale assure à l'industrie automobile un marché domestique pour ses véhicules premium", souligne Sigrid Totz, de l'ONG Greenpeace.
Vitesse illimitée
La taxation des véhicules de particuliers est aussi l'une de celles en Europe qui tient le moins compte des rejets de gaz à effet de serre, selon une étude du DUH.
L'absence de limite de vitesse sur la moitié du réseau autoroutier, une "règle unique parmi les pays industrialisés", constitue aussi une "incitation à acheter des véhicules surmotorisés", dénonce M. Huth.
Chaque année, l'Allemagne se retrouve en queue de pelotons en Europe pour les émissions de CO2 des véhicules neufs vendus sur son territoire.
Les voitures vendues au Danemark et au Portugal sur les sept premiers mois de 2012 émettaient moins de 120 grammes par km, aux Pays-Bas, en Irlande et en France elles étaient sous les 125 grammes... l'Allemagne restait à plus de 140.
Le président de la Fédération de l'industrie automobile allemande (VDA), Matthias Wissmann, a cependant souligné récemment que "depuis 2006 les marques allemandes ont baissé leur consommation moyenne de 20%", grâce à des milliards d'euros investis notamment dans l'efficacité des moteurs.
Ferdinand Dudenhöffer, expert automobile à l'université de Duisbourg (ouest), estime même que "les constructeurs allemands de voitures premium ont fait plus de progrès que les constructeurs généralistes".
Plusieurs modèles de berlines haut de gamme affichent des performances équivalentes à celles de petits véhicules moins modernes, selon lui.
Les groupes allemands "ont énormément investi en technologie et n'ont pas de problème pour respecter les limites d'émissions de CO2 en Europe", juge M. Dudenhöffer.
Il reconnaît cependant un retard sur les technologies hybrides (motorisation thermique et électrique). Sur les 10 premiers mois de 2012, le japonais Toyota a capté 75% de ce marché en Allemagne, devant le groupe français PSA (Peugeot, Citroën) qui dépasse lui-même tous ses concurrents allemands.
M. Huth y voit une conséquence perverse de la "quasi-absence d'incitation fiscale" pour les voitures propres en Allemagne.
Source:Afp

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