jeudi 22 novembre 2012

Les ados ne dorment pas assez


PARIS (Sipa) -- Les adolescents ne dorment pas assez et les troubles du sommeil sont fréquents dans la population générale, selon plusieurs études publiées mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
L'étude qui montre une chute du sommeil au cours de l'adolescence a été menée en 2010 sur 9.251 élèves âgés de 11 à 15 ans. Le temps de sommeil la veille des jours d'école "baisse drastiquement" entre 11 ans (9 heures et 26 minutes) et 15 ans (7 heures et 55 minutes) alors que le temps de sommeil les jours sans classe le lendemain reste assez stable aux alentours de 10 heures. La plupart des pédiatres et spécialistes du sommeil de l'enfant recommandent un temps de sommeil d'au moins 9 heures au cours de l'adolescence pour favoriser la croissance, l'apprentissage et l'équilibre physique et psychologique, précisent Damien Léger, de l'Institut national du sommeil et de la vigilance à Paris, et ses collègues.
La dette de sommeil passe ainsi de 16% des 11 ans à 40,5% des 15 ans, la dette de sommeil étant définie par une différence de plus de deux heures entre le temps de sommeil les jours sans classe le lendemain et celui la veille des jours d'école. Le sommeil court (moins de sept heures de sommeil pour les jours avec classe le lendemain) concerne 2,6% des 11 ans à 24,6% des 15 ans.
"Il semble qu'au fil de l'adolescence, le sommeil soit mis en compétition avec d'autres activités et devienne donc insuffisant en durée et en qualité comme c'est le cas chez les adultes", commentent les auteurs en faisant référence à l'usage de médias comme la télévision et la téléphonie mobile.
Une autre enquête menée en 2010 par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) sur 27.653 personnes âgées de 15 à 85 ans révèle également un temps de sommeil moyen "assez court", de 7h13, plus élevé pour les femmes (7h18) que pour les hommes (7h07). Le déficit moyen de sommeil est de 17 minutes pour les femmes et de 7 minutes pour les hommes. Chez les 15-19 ans, il atteint 54 minutes pour les jeunes filles et 41 minutes pour les jeunes hommes.
Les insomnies chroniques
L'étude met aussi en évidence une proportion "élevée" (15,8%) d'insomnie chronique chez les 15-85 ans, plus importante chez les femmes (19,3%) par rapport aux hommes (11,9%). La part d'insomnie chronique est stable avec l'âge parmi les femmes. Elle augmente chez les hommes, de 3% à 15-19 ans à 18% à 45-54 ans avant de diminuer à 8% au delà de 65 ans. L'insomnie chronique apparaît liée à des situations de précarité, à certains événements de vie difficiles tels que les violences subies.
Enfin, les troubles du sommeil déclarés sur les huit derniers jours apparaissent en hausse par rapport à 1995, avec une stabilisation de la prévalence depuis 2000 à un niveau élevé autour de 47%.
La forte prévalence des troubles du sommeil sont confirmés dans une autre enquêté réalisée en 2008 par l'Institut de veille sanitaire (InVS) sur 12.636 personnes âgées de 16 ans et plus. Plus d'un tiers ont déclaré une symptomatologie d'insomnie au moins trois nuits par semaine avec plus d'un quart les décrivant depuis plus de trois mois. Par ailleurs, une personne sur cinq (19%) présentait des symptômes d'insomnie chronique accompagnés de perturbations diurnes (fatigue ou somnolence excessive).
Seules 7,3% de ces personnes ne déclaraient aucune comorbidité. Malgré cette forte morbidité, moins d'un tiers (27,5%) de ces personnes avaient déjà consulté pour leurs problèmes de sommeil. Pourtant, une sur cinq (22,2%) et une sur deux après 75 ans (48,5%) déclaraient prendre de façon habituelle des médicaments pour dormir. Il s'agissait de benzodiazépines ou apparentés dans 82% des cas, bien que ces thérapeutiques soient déconseillés au long cours. Ces résultats indiquent une prise en charge encore insuffisante de l'insomnie chronique en France.
Une dernière étude dans le BEH montre que la somnolence concerne un Français sur cinq et a des conséquences sévères sur le risque d'endormissement au volant.
Source: Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire