vendredi 30 novembre 2012

Est-il de nouveau raisonnable de manger du thon rouge?

Un pêcheur de thon rouge en Espagne en 2006.13.500 tonnes: c'est le quota annuel de pêche de thons rouges autorisé en Méditerranée et dans l'Atlantique est en 2013 et 2014. Ainsi en a décidé la semaine dernière la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta).
C'est légèrement plus que les 12.900 tonnes de 2011, mais les ONG environnementales sont globalement satisfaites. Des quotas ne dépassant pas 13.500 tonnes permettraient en effet une reconstitution du stock d'ici 2022, selon les scientifiques.
Les nouvelles sont donc plutôt rassurantes pour l'espèce. "Elle n'est plus surpêchée, la mortalité par pêche en 2011 est, pour la première fois, inférieure au seuil de référence qui traduit la limite d'une exploitation durable", dit l'Ifremer. L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer précise que la population de thons rouges augmente désormais.
La situation était pourtant très inquiétante il y a quelques années. La forte valeur marchande de ce poisson, liée à la demande japonaise, avait conduit à une dangereuse surexploitation et un effondrement des stocks était redouté. Quotas laxistes, pêche illégale: on estime qu'environ 50.000 thons étaient capturés chaque année à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
A partir de 2009, les alertes des scientifiques, la mobilisation des associations et surtout la peur de voir le commerce international de thon rouge interdit ont conduit les pays de la Cicta à agir. Les quotas ont été drastiquement baissés, les contrôles renforcés.
"Ne pas relâcher la pression"
Cette histoire "illustre combien les efforts conjoints peuvent sauver une pêcherie pour laquelle on n'avait plus d'espoir", se réjouit Sergi Tudela, du WWF Méditerranée.
Attention toutefois à ne pas "relâcher la pression", précise à BazikPress Elise Pêtre, du WWF France. "La méthode et les données pour évaluer le stock sont à améliorer, ce ne sont que des estimations, on ne connait pas l'ampleur et la vitesse de la reprise. Et il y a encore un problème de commerce potentiellement illégal basé sur des thons non déclarés. Ce n'est qu'un début, il faut maintenir les efforts."
Peut-on de nouveau consommer du thon rouge sans fâcher sa conscience écolo? "A moins d'être sûr qu'il est issu de la pêche durable, à l'hameçon, mieux vaut éviter", répond Elise Pêtre. "Mais cette espèce n'est de toute façon pas commune en France, l'essentiel de la pêche part au Japon. Le thon de couleur rouge sur les étals est souvent de l'albacore et les sushis ne sont généralement pas faits avec du thon rouge, vraiment très cher".
N'empêche, la plupart des espèces de thons sont vulnérables. L'idéal, explique-t-elle, est d'avoir une "consommation de poisson diversifiée", ne se limitant pas aux traditionnels "thon/saumon/cabillaud", et de se tourner vers des poissons au cycle de reproduction court, moins sensibles à la pêche, comme la sardine.
Espèce, origine, méthode de pêche, saison: dur de faire son choix sur les étals de poisson sauvage, tant les critères sont nombreux et les informations difficiles à obtenir. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le guide de l'Alliance produits de la mer:www.allianceproduitsdelamer.org/resources/Guidedesespeces.php.
source:Aurélie Blondel (Bazikpress)

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