jeudi 18 octobre 2012

QU’EST-CE QU’UN OGM ?


La fabrication d’Organismes génétiquement modifiés (OGM) a été rendue possible grâce aux progrès considérables des techniques de biologie moléculaire au cours des 25 dernières années. Le génie génétique (voir ci-dessous) permet en effet d’intervenir directement sur la molécule d’ADN (acide désoxyribonucléique), support de l’information héréditaire pour l’ensemble des êtres vivants. La capacité de modifier et transférer du matériel génétique d’une espèce à une autre permet de produire des organismes vivants avec une combinaison de caractères nouveaux qui n’aurait pu naturellement exister. Les OGM peuvent être des plantes, des animaux ou des micro-organismes.

  Sommaire  
  • Pourquoi vouloir produire des OGM en agriculture
  • 1. Le génie génétique : une technologie (...)
  • 2. Les droits de propriété intellectuelle sur (...)
  • 3. Quels risques pour l’environnement, la (...)
  • 4. Qui détient les informations ?
La fabrication d’Organismes génétiquement modifiés (OGM) a été rendue possible grâce aux progrès considérables des techniques de biologie moléculaire au cours du dernier quart de ce siècle. Le génie génétique1 permet en effet d’intervenir directement sur la molécule d’ADN (acide désoxyribonucléique), support de l’information héréditaire pour l’ensemble des êtres vivants. La capacité de modifier et transférer du matériel génétique d’une espèce à une autre permet de produire des organismes vivants avec une combinaison de caractères nouveaux qui n’aurait pu naturellement exister. Les OGM peuvent être des plantes, des animaux ou des micro-organismes.

 Pourquoi vouloir produire des OGM en agriculture ?

La biologie moléculaire a permis une percée fondamentale dans la connaissance du fonctionnement du vivant. L’application des techniques du génie génétique en thérapie humaine contre de graves affections (cancer, sida) est un domaine d’application que le public semble mieux accepter… Dans le domaine agricole, le génie génétique offre une nouvelle panoplie d’outils au sélectionneur, permettant d’agir sur des caractères identifiés et d’élargir les nouvelles combinaisons génétiques entre les espèces, tout en augmentant la rapidité de production des variants génétiques. Il n’y a aucune limite à l’imagination des applications de la transgenèse en mélangeant les meilleures caractéristiques des plantes, des animaux et des bactéries. Cependant la mise au point de chimères viables biologiquement et commercialement est plus restreinte…
L’intérêt de produire des OGM c’est aussi, et surtout, pour le complexe génético-industriel le moyen de gagner des marchés, en contrôlant, par les droits des brevets
* sur les variétés transgéniques, l’ensemble de la filière agro-alimentaire. Science récente au développement soudain L’application du génie génétique en agriculture est devenue opérationnelle dans les années 1980 avec les premières autorisations d’essai en champ de tomate transgénique résistante à un herbicide.
En 1994 les premiers aliments issus d’OGM sont commercialisés (tomate à mûrissement ralenti, hormone de croissance BST pour forcer la lactation des vaches). D’abord confinée aux Etats-Unis, c’est à partir de 1997 que la culture de variétés transgéniques s’est généralisée dans le monde. En 1998, les cultures commerciales de plantes transgéniques couvrent près de 28 millions d’hectares, répartis irrégulièrement sur 9 pays ; plus des trois quarts des cultures se trouvent en Amérique du Nord. Primauté aux cultures industrielles Malgré la diversité des projets d’application de la transgénèse en agriculture, celle-ci se concentre sur quelques cultures en étroite relation avec les besoins de l’agriculture industrielle. Au total, en 1997, le soja, le maïs, le coton et le colza transgéniques ont représenté 86 % des surfaces cultivées, dont 75 % en Amérique du Nord. Les seuls tabacs transgéniques commercialisés viennent de Chine pour laquelle les données statistiques sont imprécises.
Tableau 2 : Répartition des espèces transgéniques cultivées
Espèces19971998
Soja4052
Tabac13*
Maïs2130
Colza109
Coton119
Tomate1
Sources : ISAAA, *sauf la Chine, données imprécises La transgénèse commerciale concerne un petit nombre de caractères cibles La tolérance aux herbicides et la résistance aux insectes constituent les caractères cibles de 85% de plantes transgéniques cultivées en 1997 et 99% en 1998.
Le soja tolérant à l’herbicide est la première culture concernée, suivie par le maïs résistant aux insectes. Les autres caractères cibles sont la résistance aux virus (tomate, tabac, courgette), ou la richesse en acide laurique pour améliorer la qualité de l’huile de colza.
Surfaces de plantes transgéniques par pays en 1997 et 98
PaysSurfaces en 97
Millions d’ha
% du totalSurfaces en 98
Millions d’ha
% du total
États-Unis8,17520,574
Argentine1,4134,315
Canada1,3122,810
Afrique du Sud-<0,1<0,1
Australie<0,05<0.1<0,1<0.1
Mexique0,03<0.1<0,1<0.1
France000.002<0,1
Espagne000.02<0,1
total10,910027,8100
Sources : ISAAA,
*sauf la Chine, données imprécises Les grandes questions en débat Les OGM sont des organismes vivants artificiels et brevetés. Leur fabrication, les droits de propriété qui leur sont liés, leur dissémination dans l’environnement et en agriculture et leur utilisation dans l’alimentation soulèvent de nombreuses questions.

 1. Le génie génétique : une technologie puissante complètement maîtrisée ?

• La précision des techniques moléculaires ne doit pas être surestimée : les morceaux d’ADN transférés ne contiennent pas seulement le gène cible, appelé aussi gène d’intérêt, mais aussi de l’ADN non caractérisé (ADN “poubelle”), ainsi que des gènes marqueurs, des promoteurs… Le lieu d’intégration du transgène dans le génome hôte est aléatoire et la stabilité dans un processus d’évolution à moyen terme reste inconnue. Les nouvelles modifications génétiques peuvent être dangereuses en particulier lorsqu’elles utilisent de l’ADN virale comme vecteur pour le transfert de matériel génétique *.
• Les transferts artificiels de gènes permettent de multiplier la transgression des barrières entre les espèces, avec des objectifs précis. Les implications sur l’évolution de la diversité biologique et les équilibres entre espèces (dont l’espèce humaine) restent complètement imprévisibles *.

 2. Les droits de propriété intellectuelle sur les OGM

Le contrôle possible du vivant par un oligopole industriel ?
• Un enjeu d’importance concerne le contrôle du vivant à travers les brevets. Le fait d’avoir été transformés artificiellement par des procédés techniques confère aux OGM un statut juridique particulier pour des êtres vivants : ils sont susceptibles d’être brevetés comme des objets industriels. Même si le système de brevet sur les plantes et les animaux est profondément remis en cause par de nombreux acteurs, plusieurs pays industriels l’ont déjà inscrit dans leurs législations *.
• Il est à craindre que des droits exclusifs sur une espèce soient bientôt attribués à quelques multinationales développant un pôle “ sciences de la vie ”. Le système de brevets larges a fortement influencé depuis 1996 la concentration des principales firmes d’agro-biotechnologie. Peu à peu s’érige un oligopole de grands groupes de multinationales : le complexe génético-industriel. En 1999, elles sont une poignée à contrôler la totalité du marché des semences génétiquement modifiées. La diversification de leurs activités tend à accentuer l’intégration des filières et à accroître leur contrôle sur toute la chaîne alimentaire depuis les semences jusqu’au produit fini, posant le problème de la sécurité alimentaire au niveau mondial *.

 3. Quels risques pour l’environnement, la santé et la sécurité alimentaire ?

Pour les biologistes moléculaires et les sélectionneurs, les OGM ne sont pas des organismes fondamentalement nouveaux, les techniques moléculaires n’étant selon eux que l’extension des techniques conventionnelles. Cette conception n’est pas partagée par d’autres spécialistes comme les écologues, biologistes des populations, médecins, agronomes qui considèrent que des risques écologiques particuliers peuvent survenir du fait de leur mise en culture sur des milliers d’hectares et de leur utilisation dans notre alimentation. En effet, d’après eux, les résultats des tests confinés en laboratoire et en champs expérimentaux ne peuvent être raisonnablement extrapolés à la diversité des milieux et conditions où sera cultivée et transformée la variété transgénique commercialisée. L’impact des OGM sur l’environnement (pollution irréversible, perte de la biodiversité), de la médecine publique (toxicité, allergies, résistance aux antibiotiques) ou encore pour la sécurité alimentaire des agricultures paysannes des pays pauvresse précisent à mesure que s’approfondissent les recherches sur ces nouveaux produits *.

 4. Qui détient les informations ?

Qui décide des réglementations ? Le déficit d’information du public sur les nouvelles techniques et la façon dont elles sont contrôlées et évaluées, donne l’impression d’une opacité entretenue. La transparence, dans une filière nouvelle aux réglementations mal établies, est une exigence légitime, nécessaire pour un débat démocratique. Cette transparence porte aussi bien sur : les choix opérés par la recherche scientifique, la nature des OGM produits, les lieux d’expérimentation en champ, le fonctionnement des commissions d’experts, l’identification des responsabilité, la traçabilité des aliments et l’étiquetage des produits *. Construire le débat entre banalisation et diabolisation Les opinions publiques et les gouvernements sont alertés par le rythme rapide des innovations en biotechnologie et l’évolution des droits de propriété intellectuelle (brevets) sur les organismes vivants, moteurs de puissants bouleversements. Les avancées des applications de la recherche en génétique sont si rapides que la société en perd à la fois le sens et le contrôle. Les controverses sont extrêmement vives dans le public comme parmi les scientifiques.
Entre la banalisation d’un événement extraordinaire, et la diabolisation de technologies porteuses d’espoir, doit s’ouvrir un débat de société sur la pertinence de produire de tels organismes, et sur les conditions et règles de leur utilisation. Pour un nombre croissant d’organisations de la société civile, l’incertitude sur les risques liés à la dissémination des OGM en agriculture devrait conduire à mettre en œuvre immédiatement le principe de précaution. L’appel à un moratoire total sur la commercialisation des OGM se généralise afin que s’organise de manière sereine un débat impliquant tous les acteurs de la société et que s’élabore un cadre réglementaire plus adapté.

source:Inf’OGM

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